Après les nombreux camps climat de l’été, les initiatives militantes et citoyennes visant à démontrer que la justice climatique et sociale ne peuvent se contenter de mots, vont se multiplier dans les jours à venir. Pour partie à l’appel du collectif Climate Justice Action mais aussi du Forum Social Européen de juin dernier, ces initiatives ont un fil conducteur commun : devant l’inaction des gouvernements, notamment du Nord, et alors que les conséquences des dérèglements climatiques sont déjà là (sécheresses ou inondations de l’été etc…), il est fondamental d’imposer nos propositions pour sortir d’un modèle consumériste et productiviste qui broie les populations et détruit la planète. Imposer ces solutions nécessite de nombreux ingrédients complémentaires : sensibilisation et information, démonstration et expérimentation d’initiatives concrètes, reprise du pouvoir sur nos vies et construction d’un rapport de force avec les puissants de ce monde afin d’imposer des solutions allant à l’encontre de leurs intérêts.
Cette semaine d’actions débutera le 10 Octobre par les centaines d’initiatives réclamant 10 % de réduction de Gaz à effets de serre dès 2010. Citons par exemple le village Alternatiba qu’organisera Bizi! à Bayonne, “Un village de transition vers le monde de demain” ! A la fois fête populaire et salon des alternatives à la crise écologique et sociale, nous vous invitons à plonger dans son très riche programmes d’alternatives concrètes qui seront expérimentées et exposées “composant une société post-carbone, heureuse et conviviale“. Ou encore cette initiative similaire à Bordeaux, organisée par le collectif climat Gironde qui vise à “s’engager pour réduire nos émissions de CO2 (- 10% dès 2010) et exiger un accord ambitieux, contraignant et juste au sommet de Cancun“. Ou celle-ci à Pau. Au final plus de 6500 initiatives seront organisées dans le monde ce jour-là.
De nombreuses actions de désobéissance civile auront lieu tout au long de la semaine. En France, ARRET TOTAL est un appel issu du camp climat du Havre de cet été pour bloquer des actions directes le samedi 16 octobre avec pour objectif “d’enlever les pubs, de semer des graines, de visiter un supermarché comme vous ne l’avez jamais fait, de porter plainte contre Total, de donner la priorité aux gens sur les voitures…“. A Paris, en écho à cet appel et celui de la semaine internationale d’action directe pour la justice climatique, une action de désobéissance civile non-violente pour “bloquer une station d’essence” devrait être organisée le 15 octobre.
Cette semaine se clôturera par les actions “pour dénoncer le rôle des entreprises de l’agrobusiness telles que Monsanto dans la destruction et l’accaparement de la biodiversité et du vivant” à l’appel de la Via Campesina (voir la liste des actions en France ici). Cet appel s’intègre naturellement à cette semaine d’actions pour une justice climatique et sociale, tant les conséquences de l’agro-business sont dévastatrices aussi bien sur le plan humain et social (disparition des petites exploitations vivrières et paysans jetés dans la pauvreté et la misère) que sur le plan climatique et environnemental (pollutions, perte de biodiversité, érosion des sols etc…). A Paris, sont programmés une manifestation et un débat.
Dans le cadre de cette semaine de mobilisation, le collectif contre l’irradiation des aliments qui regroupe une vingtaine d’organisations invite à une conférence le jeudi 14 octobre (programme et communiqué de presse) pour alerter l’opinion publique sur le risque de voir l’Union Européenne autoriser et promouvoir l’irradiation de tous types d’aliments. En plus de comporter de nombreux risques sanitaires, cette irradiation généralisée des aliments ne pourrait que favoriser l’extension des productions délocalisées et les transports de denrées alimentaires d’un bout à l’autre de la planète.
Dans le même temps, la coalition Climate Justice Now! vient de rédiger une lettre adressée à l’ensemble des gouvernements de la planète (ici en français et ici en anglais), et notamment ceux du Nord, afin de rappeler les exigences fondamentales des mouvements pour la justice sociale et la justice climatique, s’appuyant sur les revendications issues de l’accord des peuples de Cochabamba. Alors qu’une dernière réunion intermédiaire de préparation a lieu à Tianjin avant le sommet de Cancun (28 nov – 10 déc), il est plus qu’important d’augmenter la pression sur nos gouvernements pour qu’enfin de paroles et fausses solutions, nous passions à la mise en place de politiques réellement alternatives. A ce titre, le projet Yasuni-ITT proposé par le gouvernement équatorien, visant à ne pas exploiter du pétrole contre un financement des pays du Nord de leur dette environnementale, est une opportunité pour réduire la dépendance au pétrole de nos modèles de production et de consommation au Nord (un débat est organisé le 20 octobre à Paris). Ce n’est bien-entendu pas envisageable sans une mise au pas des activités prédatrices et inhumaines de nombre de multinationales (voir cette pétition “des droits pour tous, des règles pour les multinationales”).
Signalons également la publication récente de “Altermondialisme saison 2 : de Seattle à Cochabamba” (flyer ici) de la revue Mouvements qui revient sur le “virage écolo” des altermondialistes, se consacrant à la justice climatique et aux biens communs, pour « changer le système, pas le climat ». De nombreux papiers reviennent sur les atouts, limites et défis des mobilisations pour la justice climatique. De quoi nourrir cette semaine d’actions et les nécessaires mobilisations à venir pour renforcer le rapport de force et expérimenter des pratiques alternatives.