Archive pour juin 2010

Après Bonn, construisons des pistes alternatives…

juin 15, 2010

 

Il n’y a pas grand-chose à retenir de la rencontre intermédiaire de Bonn (19 mai – 11 juin). Comme souvent, Yvo de Boer a résumé la situation : « Je ne pense pas que le processus puisse aboutir, dans les dix ans à venir, à des objectifs de réduction adaptés ». La copie des pays développés est à revoir. Actuellement, la compilation des objectifs qu’ils ont annoncés mène à une fourchette de réduction de -12% à -18% pour 2020, par rapport à 1990. Ils espéraient acheter les pays pauvres en promettant 30 milliards de dollars de financements rapides à Copenhague : ils n’arrivent pas à les verser et il apparait que la majeure partie de cet argent est de l’aide au développement recyclée.  D’autre part, ces sommes seraient principalement dédiées à la réduction des émissions des pays émergents plutôt qu’aux pays pauvres.



 

S’ajoutent les velléités des pays développés visant à faire de l’accord de Copenhague la base de toute négociation au détriment d’une suite contraignante au protocole de Kyoto. Ainsi que leurs initiatives pour diminuer au maximum leurs réductions domestiques (REDD+ lié aux mécanismes de compensation ; querelle concernant la prise en compte du carbone stocké dans les  forêts des pays riches, LULUCF). Dans le même temps, les pays en développement, Chine en tête, ne sont pas porteurs de propositions alternatives radicales visant à transformer sérieusement les modèles de production et de consommation de nos sociétés pour les rendre véritablement conciliables avec la préservation des écosystèmes dans lesquels nous vivons.

 

Hormis la Bolivie, et quelques autres, s‘appuyant sur l’accord des peuples de Cochabamba – dont les préconisations sont d’ailleurs marginalisées dans les textes des négociations officielles (1) – trop rares sont les propositions en rupture avec le modèle dominant. Si ce n’est dans les manifestations…et initiatives des associations au ONG impliqués dans la mouvance Climate Justice Now.

  • Voir des diaporamas des mobilisations ici, ici et ici.

 

Dans les mois à venir, les initiatives citoyennes alternatives pour faire face efficacement aux dérèglements climatiques tout en faisant œuvre de justice sociale sont donc décisives (voir ici et ici). Des rendez-vous sont déjà fixés pour une semaine de mobilisations du 10 au 16 octobre et pour des initiatives décentralisées partout dans le monde pendant le sommet de Cancun (29 nov. 11 déc). Via Campesina appelle ainsi à réaliser 1000 Cancun (voir calendrier ici). En France, nous pouvons compter sur :

les 2, 3, et 4 juillet, le 10ème Rassemblement contre le projet d’aéroport à Notre Dame des Landes, au lieu dit « Le LIMIMBOUT » – Tract de présentation ici.

22 juil – 1 août : Camp Climat au Havre, comme « premier port pétrolier et premier site industriel émetteur de gaz à effet de serre en France » ; voir le tract ici.

De nombreuses initiatives publiques, qui de Montreuil à Clermont en passant par Poitiers, sont organisées pour rester vigilants et proposer des pistes alternatives.Voir ici.

 

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(1) voir les pétitions électroniques des Amis de la Terre International ici et de la Bolivie ici.

qWo7@gaqYdPt

Bonn : la « confiance » nécessite de véritables solutions ! System change, not climate change !

juin 2, 2010

Plus de 5 mois après la clôture calamiteuse de la COP-15 de Copenhague[i], et 6 mois avant la Cop-16 de Cancun au Mexique (29 nov – 10 déc), la rencontre intermédiaire de Bonn (31 mai – 11 juin) s’est ouverte dans un climat de défiance.

D’Yvo de Boer à Christiana Figueres qui va lui succéder le 1er juillet, en passant par les négociateurs et observateurs les plus avertis, les déclarations annonçant qu’il n’y aura pas d’accord sur le climat cette année et qu’il faudrait se contenter des mesures « opérationnelles » pour aider les pays les plus pauvres et protéger les forêts, ne cessent de se multiplier.

Comme s’il était possible d’écarter le cœur des négociations – les engagements contraignants de réduction de GES des pays développés – pour se concentrer sur ce qui serait plus aisé. De fait, les pays développés agitent quelques milliards d’euros et des mécanismes de financements de projets moins carbonés au Sud pour masquer leur propre incapacité à réduire leurs émissions domestiques de GES et transformer leurs modèles économiques. Certains pays du Sud, comme la Bolivie, et les mouvements sociaux ne sont pas dupes et réclament que les propositions contenues dans l’accord des peuples de Cochabamba, notamment un engagement de réduction de 50 % d’ici 2020, soient intégrées dans les textes des négociations au même niveau que celles du pseudo-accord de Copenhague.

Il faut rappeler à celles et ceux qui disent souhaiter redonner « confiance dans le processus de négociations » que cette « confiance » nécessite des actes et non plus des engagements vagues au final non tenus. Aujourd’hui, l’incurie des principaux gouvernements de la planète ont de fait ouvert la porte à l’offensive des climato-sceptiques. Face à cela, les mouvements sociaux sont revenus de Cochabamba avec un agenda de rendez-vous et d’initiatives pour 2010 – ici à Bonn et semaine internationale d’actions décentralisées du 10 au 16 octobre – afin d’imposer de véritables solutions, dans les négociations et sur le terrain. Seul un véritable rapport de force, s’appuyant sur des revendications globales ancrées dans des pratiques alternatives le permettra.

Documents :

Dérèglements climatiques et environnementaux : passer à l’offensive ! par Maxime Combes, point d’étape rédigé avant l’ouverture de de la rencontre de Bonn.

Article de Libération ici et dépêche Reuters ici.

Intervention de la coalition Climate Justice Now ! lors de l’ouverture du groupe de travail sur le protocole de Kyoto ici,


[i] Voir Trois leçons rapides de «Flopenhague», http://copenhague.blogs.liberation.fr/climat/2009/12/trois-leçons-rapides-de-flopenhague.html