Les climato-sceptiques peu scientifiques… et parfois financés par des lobbies pétroliers
Depuis plusieurs semaines, ceux que Stephan Schneider, climatologue américain, appelle les « dénigreurs du changement climatique » plutôt que climato-sceptiques (voir ici), essaient de reprendre la main. Selon lui, l’écho qu’obtiennent leurs interventions est disproportionné par rapport à leur crédit scientifique, et ressemblent plus à de la « propagande idéologique » qu’à une « démarche scientifique ». C’est également le sens du récent appel de 400 scientifiques français spécialistes du climat demandant « structures référentes de la recherche scientifique française » d’exprimer publiquement leur « confiance vis-à-vis de notre intégrité et du sérieux de nos travaux », c’est-à-dire prendre position contre Allègre, Courtillot et consorts. Les industriels et lobbies pétroliers sont de la partie. Un rapport publié par Greenpeace – Etats-Unis montre que Koch Industries, conglomérat pétrolier américain a dépensé 18,4 millions d’euros entre 2005 et 2008 pour soutenir financièrement des campagnes d’information ou des organisations niant le changement climatique (article du Monde et du Guardian).
Dans le même temps, les promoteurs de fausses solutions poursuivent leur route sans issue.
Les marchés carbone, ça dysfonctionne.
Premiers pourfendeurs de la taxe carbone sous prétexte de « double peine » venant s’ajouter au marché carbone européen, des multinationales françaises parmi les plus polluantes, comme Arcelor Mittal ou le cimentier Lafarge, profitent des largesses du système européen. Selon l’ONG britannique Sandbag qui vient de publier un rapport, des industries très polluantes réussissent le tour de force de convertir en dizaines de millions d’euros les droits d’émission obtenus gratuitement en surplus de leurs besoins (voir articles de Bastamag ici et de Médiapart ici). Ces révélations s’ajoutant aux affaires de fraude sur la TVA (voir ici) et de suspension des échanges (voir ici) sur le marché du carbone européen, sans doute est-il temps d’exiger une remise en cause profonde de la finance carbone. Le collectif UCJS avait émis des pistes alternatives lors sa rencontre du 6 février (voir ici).
La France, soutien de la production de CO2 ?
Côté « développement », la Banque Mondiale doit se prononcer le 8 avril sur un prêt pour la construction de la centrale à charbon de Medupi en Afrique du Sud, portée par la multinationale sud-africaine Eskom. Cette centrale, qui émettra 25 millions de tonnes de CO2 par an, entraînera des pollutions majeures au soufre et au mercure, et exigera l‘ouverture de 40 nouvelles mines de charbon pour l’alimenter. Alors que les Etats-Unis s’abstiendront lors du vote, la France risque de soutenir le projet pour défendre les intérêts d’Alstom, impliqué dans la construction de la centrale. Un courrier (voir ici) à l’initiative des Amis de la Terre et signé (notamment) par Attac, Aitec, CADTM, Rac, CRID, a été envoyé au Président de la République et une cyberaction citoyenne est en cours (à signer ici).
En France, le gouvernement enterre son Grenelle de l’environnement.
Après l’abandon de toute taxe carbone que certains, comme le collectif Bizi, interprètent comme un enterrement du Grenelle de l’environnement (voir ici), les politiques gouvernementales sont bien éloignées des objectifs affichées de la semaine du « développement durable » qui vient de démarrer, ce 1er Avril… ! Les projets routiers et autoroutiers (Strasbourg, Bordeaux, Perpignan, Lyon-Saint Etienne…), aéroportuaires (Notre Dame des Landes…), l’abandon du fret diffus et de proximité par la SNCF, la construction d’un réacteur EPR à Penly alors que celui de Flamanville est un gouffre financier et une aberration technologique et écologique, sont autant d’exemples de projets gouvernementaux en contradiction avec les exigences de politiques alternatives portées par le collectif Urgence Climatique Justice Sociale.