Les représentants de la grande majorité des pays de la planète se sont réunis du 9 au 11 avril, à Bonn (Allemagne) « pour relancer les négociations sur le climat ». Ce n’est pas gagné. Yvo de Boer, chef de la convention cadre de l’Onu sur les dérèglements climatiques pour quelques mois encore, a déclaré qu’il n’y aura pas d’accord sur le climat cette année et qu’il faut se limiter à des mesures concrètes pour aider les pays les plus pauvres et pour protéger les forêts (voir ici et ici). On est loin des objectifs initiaux fixés à Bali en 2007 visant une régulation mondiale des émissions, la mise en place de financement et de transferts de technologie suffisant à la fois pour l’atténuation et l’adaptation au changement climatique.
Après le « rendez-vous historique » (manqué) de Copenhague (voir ici), c’est aujourd’hui « rendez-vous avec la stratégie des petits pas »… Or, nous savons bien que cette stratégie, déjà usitée avec le protocole de Kyoto ne fonctionne pas. Les émissions continuent à croître et les financements ne sont pas au rendez-vous. Résultat, les populations les plus pauvres paient les conséquences de comportements dont elles ne sont pas responsables. Business as usual.
D’autre part, la stratégie de nombreux pays du Nord visant à faire du calamiteux texte de Copenhague la base des négociations futures est proprement inadmissible. Les pressions s’exerçant sur de nombreux pays non signataires ne sont pas acceptables. Pas plus que l’attitude des Etats-Unis qui ont annoncé que les pays dénonçant l’accord ne recevront pas d’aide et qui ont stoppé des financements et projets à destination de la Bolivie et de l’Equateur (voir ici).
A tout le moins, les négociations 2010 devraient permettre d’aboutir à Cancun (Mexique – décembre) sur une deuxième phase d’engagements contraignants dans le cadre du protocole de Kyoto et des engagements de long terme de l’ensemble des pays respectant le principe de responsabilités différenciées entre pays dits « développés » et pays en « développement ». Ce n’est pas la voie qui est prise, montrant par là que les gouvernements des principaux pays de la planète ne sont pas à la hauteur des enjeux.
Cochabamba, pour imposer une alternative ?
Face à cette inertie dangereuse des négociations officielles, la Bolivie, qui fait partie des rares pays à s’être positionné publiquement contre le texte de Copenhague, a pris l’initiative d’inviter gouvernements, scientifiques, institutions internationales, ONG et mouvements sociaux à une « Conférence Mondiale des Peuples sur le Changement Climatique et les Droits de la Mère Terre » qui aura lieu à Cochabamba du 20 au 22 avril (voir ici).
Quelles que soient les appréciations que l’on peut avoir sur l’intitulé de la rencontre ou de certains des groupes de travail, c’est aujourd’hui la seule initiative internationale qui se donne pour objectif de transformer le rapport de force pour infléchir l’agenda international sur les enjeux climatiques et environnementaux. Tout en rejetant les solutions préconisées par la Banque Mondiale ou le G20, cette conférence pourrait décentrer les enjeux des négociations officielles, en mettant en lumière les enjeux sociaux, politiques et géopolitiques des solutions à apporter au changement climatique :
- proposer des solutions alternatives face au changement climatique comme autant de pistes pour un accord dans le cadre de l’ONU ;
- travailler à l’organisation d’un Référendum mondial des peuples sur le changement climatique,
- avancer sur la création d’un tribunal international pour la justice climatique ;
- discuter d’un projet de « Déclaration universelle des droits de la Terre-Mère » ;
De très nombreux mouvements sociaux, ONG et autres acteurs de la société civile, notamment sud et nord-américaine seront présents à Cochabamba. Nombre d’entre eux, notamment la coalition Climate Justice Now, appellent d’ailleurs à une assemblée des mouvements sociaux le 19 avril, préalablement à la Conférence officielle, pour rappeler nos exigences et revendications, en toute autonomie.
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